Déjà la vie ardente incline vers le soir
Respire ta jeunesse
Le temps est court qui va de la vigne au pressoir
Garde ton âme ouverte aux parfums d'alentour
Aux mouvements de l'onde
Aime l'effort, l'espoir, l'orgueil aime l'amour
Sans avoir bu le miel et respiré le vent
Des matins de la terre
Combien s'en sont allés qui ce soir sont pareils
Aux racines des ronces
Et qui n'ont pas goûté la vie où le soleil
Se déploie et s'enfonce !
Ils n'ont pas répandu les essences et l'or
Dont leurs mains étaient pleines
Les voici maintenant dans cette ombre où l'on dort
Sans rêve et sans haleine
-Toi vis, sois innombrable à force de désirs
Des frissons et d'extase
Penche sur le chemin où l'homme doit servir
Ton âme comme un vase
Et puis regarde fuir sans regret ni tourment
Les rives infidèles
Ayant donné ton coeur et ton consentement
A la nuit éternelle...
Anna de Noailles " Le temps de vivre"
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